Médianoche
C’est l’heure des belles
Sur les pavés gras
Cliquettent
Les talons d’acier.
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Entre deux écluses
Sur le canal
Où règne l’ombre,
Songe la péniche :
On lui a volé
Son horizon.
Tout juste le trouble
D’une errance
Hors saison
Dans la gare mélancolique et froide
D’un jour de pluie
Ulysse des quatre vents
Foule de ses godillots fatigués
Le mâchefer bruissant.
Sourire de l’ondée
L’escargot bave sur l’écorce
Tendresse séculaire.
Sourire de janvier,
Près de l’âtre
Rêve, feu, fumée et cendres
À la frontière du sommeil.
Le carrousel de feu berce l’enfant .
Une ramille de sapin
Ruisselante de pluie
Prend l’hiver à l’improviste.
Fragrance de glycine –
Une jeune fille,
Dans l’encoignure d’une porte,
Sourit aux abeilles.
Frissonnante la mer –
Une coque glisse
Vers le large.
Frimousse radieuse
D’une enfant
Jetant sa pierre
Dans la mare.
Jour de mirages
Aux frontières de la nuit
Une fête lointaine
Embrase l’autre rive.
Cumulus léger entre mer et soleil -
L’ombre,
Glissant sur la vague.
Soir d’octobre
Le vent de passage
Emporte mon poème court.
Ciel grimé de Saint Nicolas
Terne et gris comme ardoise
Qu’un oiseau noir de son vol a rayé.