lundi 22 mars 2010

Je chante les tôles rouillées


Je chante

Je chante l’anecdote

Les diamants broyés et les bidons perpétuels

La Vie longue qui s’enlise.

Je chante les tumultes millénaires

Et un Dieu qui perd pied dans les envasements des siècles

Je chante

Je chante les tôles rouillées indigences de ferrailles

Clochardes éparpillées

Trouées de déchirures

Où le vend froid fugitif

Siffle son timbre de sirène fanée

Je chante l’abîme d’Ulysse sur la route d’Ithaque

Au fin fond des détroits si lointain de Jadis

Je chante

Je chante les mouches éphémères et les étoiles fantasques

Les voyages manqués brisés dans les gares

Je chante l’asphalte où courent les innocents

Les rues de hasard bouleversantes dans leurs rencontres furtives

Je chante

Je chante les couteaux arrogants ensanglantés

Abandonnés dans les terrains vagues.

Je chante les pathétiques draps malpropres de l’anonyme migrant.

Je chante la jalousie cérébrale du danseur de charme

Je chante la brume mobile dans les ruelles et la bruine qui pointille les trottoirs

Je chante

Je chante l’angoisse grise au goût de fer

Je chante le rayon nocturne et sa quiétude infinie

Je chante la putréfaction de la mare et le chant des grenouilles

Je chante

Je chante le vide farouche de leurs destins aquatiques

Je chante aussi leur bonheur verdissant

Tournant à l’orangé quand dérive le soir.

Je chante

Je chante la jeune fille mélancolique qui se console

-Intime index humide et tâtonnant-

Auprès de la lampe

Je chante le vénérable et inaltérable

Graffito érotique tracé sur le mur

Je chante

Je chante enfin la pourpre souillure du sang du moustique écrasé

Et la goutte d’eau exacte qui pleure de l’œil du robinet.

Je chante

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