Je chante
Je chante l’anecdote
Les diamants broyés et les bidons perpétuels
La Vie longue qui s’enlise.
Je chante les tumultes millénaires
Et un Dieu qui perd pied dans les envasements des siècles
Je chante
Je chante les tôles rouillées indigences de ferrailles
Clochardes éparpillées
Trouées de déchirures
Où le vend froid fugitif
Siffle son timbre de sirène fanée
Je chante l’abîme d’Ulysse sur la route d’Ithaque
Au fin fond des détroits si lointain de Jadis
Je chante
Je chante les mouches éphémères et les étoiles fantasques
Les voyages manqués brisés dans les gares
Je chante l’asphalte où courent les innocents
Les rues de hasard bouleversantes dans leurs rencontres furtives
Je chante
Je chante les couteaux arrogants ensanglantés
Abandonnés dans les terrains vagues.
Je chante les pathétiques draps malpropres de l’anonyme migrant.
Je chante la jalousie cérébrale du danseur de charme
Je chante la brume mobile dans les ruelles et la bruine qui pointille les trottoirs
Je chante
Je chante l’angoisse grise au goût de fer
Je chante le rayon nocturne et sa quiétude infinie
Je chante la putréfaction de la mare et le chant des grenouilles
Je chante
Je chante le vide farouche de leurs destins aquatiques
Je chante aussi leur bonheur verdissant
Tournant à l’orangé quand dérive le soir.
Je chante
Je chante la jeune fille mélancolique qui se console
-Intime index humide et tâtonnant-
Auprès de la lampe
Je chante le vénérable et inaltérable
Graffito érotique tracé sur le mur
Je chante
Je chante enfin la pourpre souillure du sang du moustique écrasé
Et la goutte d’eau exacte qui pleure de l’œil du robinet.
Je chante
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