dimanche 27 juillet 2008

Chuchotis 142



Mon Fardeau

Mon étoile d’Or

Ma cathédrale

Ma souffrance

Mes mauvaises heures

Heures noires et de peines

De ma mauvaise horloge

Au Tic Tac de banni

D’homme perdu

Mon fardeau

Mon souci

Mon silence

De Sanctuaire

Mon plat sans sel

Ma nuit immobile

Mon fleuve si profond

Où je me noie

Mon fardeau

Ma gène

Ma vallée de vent

Où je perds mon chemin

Mon lit de bois

Rude au cœur

Et à l’aubier

Sans nœuds

Où je péris

Ecrasé

Âme abrupte

Gisant de pierre

Je viens

Je me tais

Je m’effeuille

Un peu ?

Beaucoup ?

Pas du tout !

chuchotis 141


Monde

De mon monde

Maison changeante

Lieu vide

Comme steppe

Remblais, gravats

Pas de porte

Noirs troncs d’arbres

Sans feuilles

Sifflant

Sous le vent

Le vent jaune

Plein de sable

Pas de porte

Pas de clefs

Désespéré

Un peu

Je m’avance

Vers le manège

Tournoiement

De choses

Vides

Ferraillasses

Ressemblant

Au monde

Mon monde.

Chuchotis 140


Pierre

De ma pierre

Que ma main

Catapulte

Dans le Vide

Que ma main Marteau

Fait comète

Roche

Fardeau

Roche

Coupante

Roche

Séculaire

Pierre qui remonte

Aux Ténèbres

De feux

Aux Ténèbres

Galactiques

Que les yeux

Sans yeux

Nient

Nient les roches

Mondes Majestueux

Où j’étais.

samedi 19 juillet 2008

Chuchotis 139


Mon rêve

Mon bateau de Joie

Mon vent de nuit

Errant

De falaises crayeuses

Où la roche fleurit

Aux eaux d’ombres

Où chute l’étoile

Rêve

Porte de la mort

Où s’étiole le Tard

Poignard

Soleils éteints

Mais vivants

Et qui tournoient

Autour du mot

Rêve.

dimanche 13 juillet 2008

Chuchotis 138


Glaise

De ma glaise

Molle et Rouge

Comme sang

Mouvante et souple

Sous ma main

Qui pétrit

Larmes

De mes Larmes

Chaudes et salées

Marées de Peines

Cascatelles de Joies

Qui s’enfouissent

Ruisselantes

Dans ma barbe

Que macule

Ma Dextre

Enluminée

De Glaise

De ma Glaise.

Chuchotis 137


Automne

Sous l’arbre flamboyant

A son pied

Ma main

Etau

Brise

La coquille de la noix.

dimanche 6 juillet 2008

Chuchotis 136


Sourire matutin

d'une jolie femme

dans une ville inconnue

un jour de juin.

Chuchotis 135



Régulière

Comme des vagues

Une respiration

Tout près de moi

Chuchotis 134


Ah! Sommeiller

sous les aubépines,

dans le repaire du vent.

Chuchotis 133


C’est la guerre dans la cuisine

Mirabelles et Sanguines

Meurent à coups de dents.

Chuchotis 132


Ami,

Où cours-tu?

Il est si tard.

Chuchotis 131


Lumière

Ma lumière

Vacillante et dorée

Ephémère

Et

Hors des saisons

Pulsée

Métronome

Histoire

Mon histoire

De mon temps

Ma route

Mes pas comptés

Ma lumière

Ma patrie

Mes années

Chuchotis 130


Vous vous êtes pendus ?

Vous avez bien fait !

De toute façon, il est bien tard

Et j’aime le drame.

La mer est grise

Il fait beau, c’est le soir

Et, cependant,

La plage est encor chaude

Comme la fourche de cette fille

Qui a grandi trop vite


Il fait beau, c’est le soir

Le soleil se tortille

sur son lit de mort.

Encor un jour qui s’esquive,

Bah !

Filons au cabaret nous saouler.

Chuchotis 129


Vous ne serez jamais assez las,

Nécrophiles de l’armée du salut.

Vous avez tort de lambiner sur la moleskine.

Un poète est mort, couché sur un banc

Et son sang pailleté attire des chiens blancs.

Vous ne serez jamais assez nus,

Maigriots pochards aux pognes sans moufles.

Sous les lourds nuages aux pompons de misaine,

Un voyant s’est éteint, n’avait plus son remède,

Son gri-gri, son porte-bonheur, son amulette :

« -Je retourne – a t’il dit- chez le Chaperon Rouge. »

Vous ne serez jamais assez morts,

Adorateurs d’Hécate aux mains moites,

Sortez le crêpe, le noir, sonnez les pleureuses

Les petites femmes et tout le personnel,

Je vous convie à mon dernier banquet

Vous autorise à dire et rire de moi

Tandis que, ne m’en veuillez pas,

Je filerai sur le dos d’une hirondelle.

Chuchotis 128


Terre !

Sur la colline

Où le vent dégringole,

Un errant sans jeunesse,

Poète tardif

A la bouche sans dents

Et au nez sans lunettes,

Fouille la lande ruisselante,

Dans la brume velue.

Il lève un œil et rêve,

Le vagabond prophète

Au menton pointu.

« -Ah ! de mon temps, pourtant,

La route savait se donner. »

Curieux présage,

Sous le plafond plombé

A l’odeur de framboise

Un merle fou,

Invisible passant, crie :

« Terre ! »

Chuchotis 127


Pâle,

une passante,

odeur caramel,

teinte d'aquarelle,

flotte à portée de main.

Comme distraite

elle gonfle habilement

un corsage fin,

darde un subtil sourire

puis tourne la tête.

Chuchotis 126


Ombre et poussière.

Je suis né gladiateur

Dans un pays de misère

Aux ravins accidentés

Aux forêts d’apocalypse

Et aux gorges en arènes ;

Je suis né mirmillon

Dans un pays de misère

Où jadis courraient les loups,

Mais où régnaient

Souveraines,

La force et la beauté

et où la lumière

en était ministère.

Là-bas, des frères,

Ombre et poussière,

Meurent sans un cri.

J’en ai connu des vieux rétiaires,

Rudes et droits

Comme des centurions.

J’ai déserté mon pays

En mauvais légionnaire,

Père et mère y sont morts,

Ombre et poussière,

Dorment sous la glaise

Et tous ceux que j’aime,

Désormais,

Vivent au nord.

Me reste encor,

Belle tristesse,

Le chant de mes ancêtres

Qui roule et cascade

Dans mon parler.

Me restent enfin,

Belle prouesse,

Ma gaîté et ma liberté.

Chuchotis 125


Miraculeux présage du signe

Sur ma page, finement décapité

Un I sans son point gît.

Chuchotis 124


Avec le regard fixe d’une statue

La Reine de Pique scrute la nuit

Au-dessus de la cité morte

Parmi les tombeaux endormis

Tandis que les vivants, ivres d’air et de chants

Offrent des fresques d’infortune

Dans des urnes, fuyantes demeures

Où dort le mystère de la mémoire.

Chuchotis 123


Les mariniers

Sont cabotins

Les mariniers.

Savez-vous ?

Je les ai vu,

Faisant péter

Leurs pulls bicolores,

Sautant sur le pont de leurs gabarres,

Pipe aux dents,

Moustache au vents.

Je les ai vu,

D’un coup de peigne cracra

Ils se chahutent la tignasse

Et se recoiffent derrière

De leur casquette ternie.

Savez-vous ?

Sont cabotins les mariniers,

Lumineux dans le soleil

Ils se donnent aux voyeurs,

Bourgeois minuscules,

Qui braquent

Leur appareil photo

Comme un sexe,

Bondissent sur le quai tels des carpillons,

Tétant leur langue

Et bouffant des ASA.

Chuchotis 122


Noël

Les rues

Pétantes de guirlandes,

Chuchotent

A l’oreille des filles.

Elles se retournent

Et sourient

A leur reflets

Jaillissant des vitrines.

Chuchotis 121


C’est la nuit des gens sans terre.

Une ombre s’envole après des graffiti

Sous un arbre cinglé de pluie

Deux amoureux font semblant.

Dis, leur as-tu parlé

De ton affreuse solitude ?

Toi le passant qui disparaît

Derrière la barricade.

Chuchotis 120


Je rentre au pays

Paris sent le goudron

C’est la fin du voyage.

Saint Lazare bouillonne de passants

Arrivants – partants, mêmes plaintes.

Sur les quais, des hommes à l’aspect redoutable,

En fumant, distraits sur un banc,

Reluquent des filles lointaines et pas sages.

Café, terrasse, pastis, cognac,

Au buffet, un couple étincelle :

« - Dis ! Ne bouge pas, approche.

- Quelle heure est-il ? – D’où viens-tu ?

- - Pourquoi ris-tu ? Il est si tard. »

-

Moi,

J’ai envie d’une soupe au lard.

J’ai faim du pays

Je rentre de voyage.

Chuchotis 119


Marcheuses, magiciennes,

Mégères capricieuses.

Vous avez l’haleine forte

Des mangeuses d’oignons

Qui se dandinent dans leur fourreau

Ou deux fesses mijotent,

Rondes comme des figures.


Mais jamais il n’a fait aussi beau,

Et la lumière est éternelle.

Chuchotis 118


Il suffit

Pour pénétrer la tempête

De traverser la rue

Et de déambuler

Les mains dans les poches,

Vers le môle de granit.

Alors,

Planté sur le vieux promontoire,

Le nez dans le vent

On renifle la pluie.

Que peux t-il nous arriver ?

Chuchotis 117


Avec des huit

par huit il me sied être

pour lors je fais

sans huissier

l’état des cieux

Chuchotis 116


Au platane Théâtre

Ce soir spectacle d’ombres.

La lune est électricienne

Et ma Mie fait l’ouvreuse.

Mille silhouettes branchues sur le mur

Font des marionnettes

Mais je ne les vois guère,

Car ma mie fait l’ouvreuse

Et je la lutine

Debout contre le tronc.

Chuchotis 115


Au bout du sentier

Attila la ronce

Barre ma route.

.......Si forte

La Barbare.

Chuchotis 114


Sur la lande

Champ de bataille

L’herbe folle

Piétinée par l’Ouragan

Rengracie.

jeudi 3 juillet 2008

Chuchotis 113


Un nuage virga

sans bruit

Se déchire.

Chuchotis 112


Corniche le long de l’océan.

(fin d’après-midi de tempête)

Falaise, goéland, vagabond

Observent le même abîme.

Noroît violent,

Si cinglante l’averse....

Mais jamais....

La roche ne cille.

Chuchotis 111


Décembre, un vieux soir,

Sous les nuages, si noirs

Rantamplantanplan

Tambourine-major la grêle.

Chuchotis 110


Etre ici,

Simplement,

Auprès du fayard

à l’écorce impassible.

Hêtre serein;

.........Pense t’il?

Immobile

.........Rêve t’il?

Ah!

Mourir là.

Chuchotis 109


Oh mère!

J’entends les sanglots cinglants

De celle qui saigne

Sans plaie.

Chuchotis 108


Dans l’écume de mes nuits,

Flottent des belles

Qui hantent mes songes.

Chuchotis 107


La bouche pleine de vent,

Martyr déboussolé,

En quarantaine,

Un mendigot naufragé

amorphe comme un morphinomane,

Arpente sa vie

cahin-caha!

Chuchotis 106


A vous mes amis,

Chênes, bouleaux, érables,

qui m’écoutez sans compter,

Sans ne m’interrompre jamais.

Oyez!

Une nouvelle fois, oyez!

L’histoire d’un vagabond des sentiers

perdu dans l’immense forêt-labyrinthe

De lui-même.

Chuchotis 105


Il n’est point besoin

D’acte de propriété

Pour rêver sous mon arbre.

Mon bouleau préféré,

A l’écorce si blanche.

Il est en moi mon aïeul,

Mon ancêtre.

Et je suis en lui,

Au-delà des notaires

et des fils barbelés.

Qui pourra me l’ôter?