Hiver de pierre hostile
Ville froide poison absurde
Folie de cubiste fécond
Paysage spectral monstrueux
Clapiers de crucifiés maussades
Mansardes cellules cachots
Où flottent des rideaux rouillés
Où vivent des anges repus
Aux gueules grotesques de gargouilles
Villes cités mortes cimetières
Où vomissent des rivières
Dont les poissons sont absents
Boulevards avenues artères
Aux relents de pétrole
Aux fumées de personne
Opium damné des usines
Diarrhées et pets des automobiles
Villes de taupes hibernantes
Où l’homme mauvais loup transhume
Des caves aux greniers
Villes grises de misère
Sans arbres somptueux
Où il pourrait se pendre
Sans coquelicots écarlates
Qui fleuriraient sa tombe
Sans chevaux sans fauves
Sans renards sans mystère
Sans germinations sans fagots
Sans rien qu’un mauvais sort
Qu’un lacis de rues
Couvertes d’hiéroglyphes absurdes
Vendant des squelettes
Ou des ombres
Des miroirs des meurtres et des carnavals
Ruelles dédales labyrinthes
Où flottent des apparences
Et où errent des perdus sans boussole
Des perdus des perdus des perdus
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