vendredi 27 juin 2008

Chuchotis 101



Je rêve toujours aux douces passantes

Ondulant dans la lumière sucrée de l’été.

« - Ce n’est pas de ma faute, disais-je,

en effleurant des pupilles leurs croupes dansantes

qui comme des métronomes

-tic tac tic tac -jouaient la fille de l’air. »

Ce n’est pas de ma faute,

si c’est pour moi que leurs seins dressés

fendent l’air comme des brises-larmes :

Nature m’a donné des yeux et j’en jouis.

Car elles sont miennes, ces belles damoiselles,

elles sont miennes mais ne le savent point.

« - Et puis, j’avais si peu d’exigences,

que flairer leur odeur de musc me suffisait. »

Et puis, j’ai si peu d’exigences,

qu’on ne peut rien me voler de ce que j’ai déjà pris.

Pourtant elles sont en moi ces belles damoiselles,

elles sont en moi mais ne le savent point.

Chuchotis 100


Théâtre de rue.

Dans la ruelle poudrée

de poussière dorée

une jolie fille glisse.

Sous sa chemisette

follets, deux tétons

dansent un ballet.

Il est entre ses cuisses

une bouche du bas

qui raconte la vie

au rythme de ses pas.

Oh! le joli texte

des talons qui claquent.

Ah! le beau costume

la belle musique, le beau décor

Et que l’artiste est belle.

Chuchotis 99


Une graminée guerrière

à percé le trottoir

de la banlieue désaffectée.

Chuchotis 98



J’aime les ornières

des ruelles

désertes.

Chuchotis 97bis



Une robe

par le vent - oriflamme

dévoile un genou blanc .

Chuchotis 97


Une robe

par le vent - oriflamme

dévoile un genou blanc .

Chuchotis 96


Ployant sous le fardeau

des averses

une étrange passante

peine en noir et blanc.

Chuchotis 95


Je suis la citée

les rues et les ruelles

et je suis le marcheur.

Chuchotis 94



Une feuille

vêtue de pourpre et d’or

affolée par la bourrasque

danse.

Chuchotis 93


Dans ce pays

Il est des vents

Qui hurlent à vos oreilles

d’étranges sagas.

Chuchotis 92


Mousses et lichens

Jouent à qui-perd-gagne

Sur le damier

Du vieux mur.

Chuchotis 91


Ecorce si ridée

Ah! Il en a bavé

le vieux chêne.

Chuchotis 90


Coup de fusil

Dans la plaine embrumée

Pour qui le silence?

Chuchotis 89


Mer d'acier

martelée de vagues:

Si beau le navire....

Chuchotis 88



La forme et l'informe

errent ensemble

sur le sentier

Chuchotis 87


Ne cadenasse pas ta porte

écoute

le pas du chemineau.

Chuchotis 86


AU BEC DE L'ANE.

Des murs

de pierres moussues

que le crachin arrose

cadrent la route.

Mes souliers

lourds de boue

chantent la pluie.

Le chemin étroit,

étriqué,

force le passage

parmi les églantiers nus.

Au bas d'une courbe,

un très vieux houx,

insolent,

expose ses baies enflammées.

Piqué

sous les ventres lourds

des stratus sombres,

petit corps frémissant

que les rafales molestent,

un faucon insensé

me regarde passer.

Chuchotis 85



VALLEE MARGOT"

Le vagabond

insomniaque

gît

dans le lit

du chemin

que bordent:

la noire épine

aux mains crochues

et l'ajonc guerrier.

Il rêve

mais ne dort pas;

impassible,

indifférent

au combat qui se livre

tout près,

en silence,

sous le champ de bataille

d'un ciel trop bas.

Chuchotis 84



DE LA BAIE DE LA GRAVELETTE

A

L'ANSE DE PIVETTE.

Les soirs de bourrasque,

longeant les précipices,

j'erre,

le dos ployé

sous le fardeau

d'un ciel plombé.

Chuchotis 83


" MERQUETOT "

Nuages gris,

lourds,

oiseaux lents,

pas de vent.

Le sentier

du chemineau

lève tard,

flaire le tourteau

qui fermente

au hameau.

Chuchotis 82


LES OREILLES PLEINES DE VENT.

Dans les sentiers

que bordent,

derrière les murets moussus,

les prunelliers

aux griffes noires,

notes sombres

sur leurs partitions,

les béloces blettes,

scandent l'hiver

un-deux.

Noir, jaune,

parcheminé

sur l'argile battue,

s'expose

un cadavre de Triton

que Nature a tanné.

Dans les près

que Tempête a peigné

du fumier fume.

Sa senteur

s'expatrie

dans le Nordet

vers Alderney

dire merdre

aux anglais.

la "HURETTE DU GRAND HEU"

Chuchotis 81


" TREIZE VENTS "

Ici,

point de layons,

mais des chemins nombreux

entrecroisés,

qui ondulent négligemment.

Près du rocher moussu

où niche le silence,

j'ai posé un instant

ma pesante lassitude.

Un mulot vagabond,

que mon odeur a chassé,

fuit dans les bruyères.

Sur mon épaule,

pleure une branche

d'où pendent

des nèfles pourries.

Ici,

je gène,

je le sais,

Braillarde l'Alouette

et Lugubre le freux

me l'on dit.

Chuchotis 80


" VENDREDI A ECALGRAIN".

Janvier pluie,

sentier de soue,

souliers de boue,

chemin faisant,

un oiseau crie.

Dans la baie froide,

les galets roulent

et le vent racle.

Nous sommes deux:

"il y a"

et moi.

Au bord de la grève,

les vagues saignent,

perdent l'écume,

personne ne voit.

Sous la falaise,

perle la glaise

que ma main vole

au pays jaune

des ajoncs noirs.

Chuchotis 79


Une vague rageuse

Mord le rocher

Et disparaît en bavant.

Chuchotis 78


VERS LA GRAVELETTE.

Sur la neige

lisse, glissante

et qui crisse,

mes souliers sans grâce

gravent des traces.

Près de "La Cour",

une fumée acre

râpe mon blase,

gratte mon nase,

flatte mon nez.

Au bord de la route

toute gelée,

Madame Héleine

fait de la buée.

Elle me conte

La Hague

et son idiome âpre

vole dans le paysage

qui écoute, grave

et tout charmé.

Chuchotis 77


Devant la sex-boutique

Je les ai vu,

La nuit,

Fantomas des boulevards,

Les pornofiles,

Silhouettes fragiles comme des allumettes,

Devant la vitrine,

Ils salivent sec.

Ils rêvent

De boites à ordures,

De pucelles

Nues comme des citrons.

Ils bavent

La nuit.

Comme des étoiles naïves,

Je les ai vu,

Les pornofiles.

Chuchotis 76


Deux gamines minaudent

Dans l’abri Bus « Chantier»

Des garçons ricanent

Quelques feuilles blessées à mort

Tourbillonnent.

Un chien dans le caniveau

Renifle un papier gras

Dérangé par une vieille

Traînant un sac à roulettes.

Un facteur me crie:

« - Bonjour ! . »

C’est ma factrice en tournée

Qui pédale sur son vélo jaune

Et file remplir ma boite à lettres.

Chuchotis 75


Décembre, impasse du port

Le Noroît ne glisse pas

Sur tous les visages.

Couteaux à crans

Restez dans les poches

Laissez au poignet

De l’homme qui dort

Sa montre fracassée

À l’heure de sa mort.

Ce vieux noceur râle

Cul dans la pisse des chiens

Il a cassé sa canette.

Il aimait nonobstant

Sentir la nuit

Qui, comme lui

Tombait à la renverse

Sous les Han! Des matelots

Et les Hue! Des filles saoules.

Ah! Se méfier des rôdeurs

Engoncés dans des cabans

Et qui n’en finissent pas

De sourire.

Chuchotis 74

Les Campagnards du Dimanche,

Ventrus aux moustaches pathétiques

Sifflent un dernier marc.

Les vélos, moulinets mécaniques,

Partent au hasard,

Tandis que le bouvier

Sans boussole

File les mains dans les poches.

Deux filles encor ensommeillées

Font courir leurs cuisses brunes

Et jettent de leurs seins rondouillards

De blonds clins d’œil, goutte à goutte.

Un chien, maboule, squatte une porte.

Une Lolita insolente voltige

Et se métamorphose

Le cul sur la balançoire.

Et les vieux, mâchant leur brûle-gueule

N’en finissent pas de sourire

Aux abeilles voyeuses, voyageuses folles

Retournant, inconscientes à leur ruche.



Chuchotis 73


Hiver,

une vénérable demoiselle

rêve derrière sa fenêtre.

Chuchotis 72


Chat gris – chat rade.

Mille lèvres // Derniers souffles.

Corps innocents // Mondes de cendres.

Gorges tranchées // Sourdes vérités.

Goût de mordre // Désirs de réalités.

Sang des morts // Magie de l’attente.

Mille brumes // Derniers rivages.

Corps vertueux // Mondes brisés.

Gorges blessées // Etranges éternités.

Bouts de songes // Désirs éperdus.

Sang des Anges // Magie de l’Oubli.

Poème demi-naïf.

Chuchotis 71


Chemin boueux

Près du ruisseau

Un collier de faines

Pour ma belle.

Chuchotis 70


Le ruisseau luit dans la lumière qui décline

Et l’iris jaune,

affolé,

parle de sorcellerie.

Chuchotis 69


Ombre millénaire

Mais brève et fragile.

Chuchotis 68


Le vent

Est un méchant

Bagarreur.

Chuchotis 67


Janvier,

Dans le soir qui trépasse,

Une bicyclette passe.

Chuchotis 66


Gratte-cul vert et roux – sente douce,

La route est mouillée

Et l’herbe perdue.

Chuchotis 65


Vous vous barricadez

Dans la forteresse de vous même

Et me reprochez

Ma zigzagante solitude ?